PARACÉTAMOL : LES OVERDOSES PEUVENT CONDUIRE À UNE GREFFE DU FOIE
Le surdosage de paracétamol est une cause importante d'insuffisance hépatique nécessitant une greffe de foie. Mais les dégâts soient bien plus importants Outre-Manche.
Anne-Laure Lebrun, Publié le 30 MAI 2015
Maux de tête, fièvre, courbatures pour atténuer ces douleurs, lle réflexe est souvent de prendre un comprimé de paracétamol. Mais l’antidouleur le plus vendu dans le monde est loin d’être anodin. Même utilisé à dose thérapeutique (4 grammes par jour), il peut entraîner une insuffisance hépatique. Pour les cas les plus sévères, la transplantation peut s’avérer nécessaire voire indispensable.
En France, le surdosage de paracétamol est même le premier motif de greffe de foie. En Angleterre, la situation est encore plus critique, comme le révèle une étude publiée ce jeudi dans le British Journal of Clinical Pharmacology.
Ces travaux d’ampleur sont les premiers à évaluer et comparer l’impact du mésusage du paracétamol en Europe. Pour se faire, les chercheurs ont utilisé les données de 52 centres de transplantation de 7 pays différents (1). Entre 2005 et 2007, près de 9 500 personnes étaient en attente pour une transplantation hépatique. Parmi elles, 111 patients souffraient d’insuffisance hépatique liée à un surdosage de paracétamol.
500 millions de boîtes en France
« Les overdoses de paracétamol peuvent être volontaires comme pour une tentative du suicide (qui sont majoritaires, ndlr) ou être accidentelles », indique à Pourquoidocteur Ezgi Gulmez, médecin pharmacologue à l’Université de Bordeaux et auteur principal de l’étude.
Ces overdoses représente 20 % des causes de greffe de foie dans les 7 pays étudiés. En Irlande, les intoxications sont responsables d’une insuffisance hépatique sur deux. Arrivent ensuite la Grande-Bretagne (28 %), la France (18 %), les Pays Bas (8 %) et l'Italie (1 %).
Alors comment expliquer cette hétérogénéité à travers l’Europe ? Les auteurs ne donnent pas d’explication mais ils révèlent « qu’il n’y a aucune relation entre la quantité consommée par un pays et par ses habitants et le nombre d’overdoses ». Ainsi, alors que la France est le plus gros consommateur de paracétamol avec 500 millions de boîtes vendues en 2013 (rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé publié en juin 2014), elle se place au 3ème rang.
Réduire la taille des boîtes
Cependant, les auteurs évoquent quelques pistes pour prévenir ces effets indésirables et favoriser un bon usage des médicaments. Ils suggèrent, notamment, d'agir sur le conditionnement. « En France, les boîtes de paracétamol sont les plus petites avec 8 grammes maximum. », souligne Ezgi Gulmez. Suspendre la vente de ces médicaments en grande surface, comme vient de le faire la Suède, permettrait également un meilleur contrôle. En France, les professionnels de santé avaient justement mis en avant cet argument pour faire reculer le ministre de l'Economie qui envisageait la sortie de ce médicament des officines.
La pharmacologue rappelle également certains gestes à adopter pour prévenir les intoxications médicamenteuses. « Il faut relire la notice avant de prendre un médicament et à chaque nouvelle prise, ne pas consommer d’alcool. Connaître la molécule est également très important car cela permet d’éviter la prise simultanée de plusieurs médicaments contenant le même principe actif », cite-t-elle. La place du médecin et du pharmacien est également centrale. « ils pourront vous dire si certains coktails de médicaments sont dangereux et ce qu'il faut éviter », ajoute la spécialiste.
(1) France, Grande-Bretagne, Irlande, Italie, Grèce, Pays-Bas, Portugal